La Chance aux Enfants
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En tête à tête avec… Aurélien LORIAU (CASDEN)

Durant cet été, Dominique et Mélanie vont à la rencontre de personnalités et de structures partenaires contribuant à la réussite de nos projets en faveur des enfants.
À l’occasion de notre Journée Olympique du 10 juin, Aurélien LORIAU, professeur d’histoire-géographie, a, en tant que délégué de la CASDEN (banque coopérative de la fonction publique française), proposé et animé une exposition sur l'histoire des J.O. et les valeurs du sport. Il a accepté de répondre aux questions de Dominique et Mélanie…

Dominique REGIA CORTE : Aurélien, pour le public qui ne te connaît pas, peux-tu te présenter ?

Aurélien LORIAU : Je suis professeur d’histoire-géographie au collège Georges Sand de Béthune. Je suis aussi formateur auprès de jeunes professeurs de l’Académie de Lille et, en particulier, les contractuels. Je ne suis pas natif de la région. Je suis né en Vendée, et arrivé dans le Nord-Pas-de-Calais en 2003 pour mon premier poste. J’ai donc vécu un peu le film Bienvenue chez les Chtis dans la vraie vie. Je suis un professeur épanoui. En fin de matinée, je vais repasser au collège pour les résultats de brevet de mes élèves de 3ème. Là, c’est ma première activité.
Je suis également délégué militant pour la CASDEN banque populaire. C’est une banque coopérative sur laquelle je donnerai plus d’explications après. On dit « militant » car on s’engage sur notre temps libre. Je n’ai pas de décharge professionnelle sur mon temps de prof pour faire cette deuxième activité. Notre objectif principal, aujourd’hui, est de faire découvrir la CASDEN auprès de la fonction publique. Le poste que j’ai aujourd'hui au sein de la CASDEN, est partagé par d’autres collègues comme moi, un peu partout en France et en Outre-mer. On est aujourd’hui 226 délégués. J’ai une collègue avec moi sur Arras, deux collègues sur Calais, deux à Lille, et deux à Valenciennes, simplement pour le Nord et le Pas-de-Calais. Et tout ça, c’est réparti sur une bonne centaine de délégations sur l’ensemble du territoire national.

Mélanie : Et comment, en tant que professeur d’histoire géo, as-tu été amené à proposer des expositions par le biais de la CASDEN ?

Aurélien : La CASDEN se définit comme une banque affinitaire. Cela veut dire qu’on a notre activité bancaire mais on veut montrer aux personnes qu’on accompagne sur le volet bancaire, qu’on ne fait pas que ça. Au départ, cette banque était dédiée aux enseignants. Cela veut dire que, dès le début, on avait souhaité accompagner les enseignants dans leur métier, dans leur quotidien. Donc, depuis très longtemps, la CASDEN avait mis en place des expositions qui étaient des outils pédagogiques qu’on allait distribuer ou prêter dans les établissements scolaires. On avait une exposition sur le thème de l’eau, de l’alimentation. C’étaient des outils utilisés par les enseignants sur des formats « affiches ».
Proposer des outils pédagogiques au nom de la banque vers nos collègues, c’est une activité relativement ancienne. Nos collègues nous connaissent beaucoup pour ça. Ils nous contactent parfois en disant « J’ai su que vous aviez une exposition sur tel thème. Je suis intéressé pour travailler cela avec mes élèves. Comment je fais pour avoir l’expo ? ». Et l’on retrouve cela, aujourd’hui, avec notre expo ayant pour titre « Histoire, sport et citoyenneté ». Beaucoup d’établissements scolaires, de médiathèques puis de plus en plus de collectivités territoriales prennent contact avec nous en disant « On est intéressés. On fait une semaine sur le sport, et on a eu connaissance de votre expo… ». Et là on entre en contact avec eux, comme je l’ai fait avec Dominique et La Chance aux Enfants.

Dominique : Quel a été le déclic pour que tu t’investisses dans ce domaine ?

Aurélien : C’est assez particulier, car notre activité de prof ne nous incite pas vraiment à aller chercher une autre activité. En fait, mon Papa était délégué CASDEN en Vendée, et j'ai eu l'opportunité d'exercer la même fonction ici, dans le Pas-de-Calais. C’était une ouverture pour moi par rapport au métier de prof. Cela me permettait de voir autre chose, et aussi de développer un certain nombre de compétences en termes de communication et d’ouverture à l’extérieur, de côtoyer des personnes qui ne sont pas forcément issues de l’Éducation nationale. Et ça aujourd’hui, j’en suis à la fois très content et très fier car ça me permet de rencontrer une très grande diversité de personnes avec qui on peut travailler. Je trouve que cela apporte plein d’éléments positifs dans la vie, à la fois personnelle et professionnelle.

Dominique : On s’est rencontrés plusieurs fois, et j’ai vu en toi quelqu’un de très passionné. Et à tous les niveaux, tu ne laisses rien au hasard. Dans cette démarche, tu te lances à fond…

Aurélien : Je suis toujours un peu perfectionniste. Parfois, cela peut être vu comme un défaut, certaines personnes pouvant parfois se contenter d’un peu moins. Quand je choisis de mener une action, je veux la faire du mieux possible. C’est quelque chose qui me tient à cœur, que ce soit pour la CASDEN ou pour mon métier de prof. Et, au final, j’en suis content parce qu’on finit toujours par récolter les fruits, que ce soient des compliments comme tu viens de le faire, Dominique. Et ça fait plaisir. Je le vois aussi avec mes élèves qui me renvoient parfois des messages alors qu’ils ont quitté le collège. J’en parlais, il y a quelques temps, avec d’autres collègues. On m’a envoyé une photo en me disant « Ça y est, monsieur. J’ai trouvé du travail. J’ai réussi grâce à vous ». Et ça, c’est quand même super chouette.

Mélanie : Et là, du coup, tu fais le parallèle entre les élèves et les personnes que tu reçois lors des expositions. Est-ce que l’approche est différente en tant que professeur et en tant que représentant d’une exposition, au niveau de la transmission des informations ?

Aurélien : Tout dépend du public vers lequel on se tourne. Quand on a fait les interventions, pour la Journée Olympique du 10 juin, on a accueilli plusieurs groupes d’enfants qui étaient avec les accompagnateurs. Là, l’approche que j’ai pu avoir avec eux était exactement la même que si ça avait été mes propres élèves. Donc, c’est l’approche pédagogique sur les panneaux, l’adaptation à l’âge des enfants qui sont devant nous. On n’a pas le même discours avec des enfants qui ont 8/12 ans qu’avec des 12/16 ans. Bien évidemment, je n’aurais pas eu la même approche si j’avais eu un public d’étudiants. Quand, par exemple, on fait une intervention aux STAPS à Liévin, forcément, on a un discours qui est plus complet sur le contenu. Quand on se tourne vers des adultes, l’outil est le même mais l’approche est différente. Les portes d’entrée ne sont pas forcément les mêmes. Ce qui est un plus, c’est que je vais pouvoir utiliser les atouts de mon métier de professeur d’histoire pour mettre en valeur cette exposition avec des éléments que je travaille tous les ans avec mes élèves. Là, j’ai un petit atout à faire valoir.

Mélanie : Par rapport aux enfants qui participent et voient ces expositions, est-ce qu’il y a des questions particulières ou rigolotes qu’ils te posent et que tu aimerais nous partager ?

Aurélien : Je n’ai pas eu beaucoup de questions car les enfants ou les élèves sont avant tout dans la découverte et dans l’observation. La plupart du temps, ils sont surpris des histoires ou des anecdotes qu’on peut leur raconter. Quand je leur présente, par exemple, le panneau des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 avec Jesse Owens, l’athlète afro-américain qui vient et qui remporte plusieurs médailles devant un Hitler médusé, et que je leur dis « Vous voyez, quand il fait son saut en longueur, ça représente 8m13 ». Je leur montre ce que ça représente dans l’espace où l’on se trouve. Ils m’ont regardé en disant « Oh la la, tout ça ! ».
J’adore toujours enseigner l’Histoire avec des petites anecdotes pour provoquer la surprise chez les enfants. C’est ça qui va marquer leur esprit. Quand j’ai fait une intervention dans mon propre établissement pour la semaine olympique, en présentant l’exposition, je suis revenu sur les JO de Barcelone en 1992, et j’ai dit aux élève que ces JO m’avaient marqué car j’avais leur âge et que j’ai découvert la Dream Team, l’équipe de basket américaine qui éblouissait le monde de son talent à ce moment là. Cela avait marqué ma vie d’ado car ça m’avait fait découvrir le basket à l’échelle mondiale, et m’avait conduit à la pratique de ce sport.
On n’en a pas encore parlé mais ce qui est également important, c’est qu’à travers la présentation de l’exposition, on cherche, nous aussi, à développer le goût de la pratique sportive chez les enfants. On sait qu’il y a une problématique dans les Hauts-de-France avec le grand nombre d’enfants qui ne pratiquent pas d’activité physique, avec toutes les conséquences que ça peut avoir, après, sur leur développement. Au-delà de l’aspect historique, il faut encourager les enfants à mettre en pratique le sport de leur choix.

Dominique : Justement deux petites questions par rapport à ça… Comment les établissements scolaires et collectivités territoriales peuvent te contacter ? Et est-ce qu’il y a des endroits où tu n’es jamais allé, paraissant peut-être improbables, et où tu aimerais exposer ?

Aurélien : Aujourd’hui, la CASDEN se fait connaître par son exposition, donc les personnes peuvent me contacter quand elles me rencontrent sur les évènements comme c’était le cas, par exemple, le 10 juin. Après, si les personnes découvrent l’exposition, mais que mes collègues ou moi ne sommes pas là, il y a un site web qui s’appelle « CASDEN : Histoire, Sport & Citoyenneté », sur lequel les gens peuvent demander à recevoir l’exposition soit au format « affiche », soit au format « totem ». Si les personnes font la demande de l’expo au format « totem », cela part au niveau de la gestion générale à l’échelle nationale et, après, on a des équipes de la CASDEN qui nous transmettent les besoins, et nous, on se déplace.

Dominique : Quand tu parles de « totem », c’est ce que tu as fait lors de la Journée Olympique du 10 juin ?

Aurélien : Oui, les grands kakemonos, c’est ça. Par rapport à ta deuxième question, les lieux dans lesquels on expose, aujourd’hui, sont quand même essentiellement des lieux qui sont soit liés à l’éducation, soit à la fonction publique. Il faut savoir que le programme est placé sous le patronage du Président de la République, que l’on a des labels qui sont rattachés à Paris 2024, et qu’il y a des partenariats qui ont été noués avec un certain nombre de ministères : le ministère de l’éducation nationale, forcément, mais aussi le ministère de la ville et du logement. Donc, concernant la Journée Olympique, le fait que ce soient des enfants issus de quartiers prioritaires de la ville, était également un élément important pour moi car il y a également un partenariat avec le ministère des sports. On est donc plus contactés par des organismes liés à toutes ces structures ministérielles.
Maintenant, des lieux dans lesquels on pourrait exposer et qui pourraient être originaux, ce serait, par exemple, faire venir l’expo au centre d’entrainement du RC Lens. Présenter l’expo aux joueurs pourrait être intéressant car, même si eux sont essentiellement sur le foot, là, on est sur le sport, et souvent, quand on est sportif, on aime le sport et son histoire. Travailler sur les valeurs pourrait être pas mal, car même si ce sont des adultes, les enfants s’identifient à des sportifs. Et les sportifs professionnels d'aujourd’hui ont forcément, quelque part, une identification à quelqu’un de leur sport ou d’un autre sport. Oui, ça pourrait être original…
À noter, on est également contactés par des centres pénitentiaires. On peut faire venir des intervenants dans des prisons afin de présenter l’expo. Alors là, on travaille plus sous le format « affiche » auprès de certains groupes de détenus.

Mélanie : On retrouve les mêmes thématiques ?

Aurélien : Oui, sur les thématiques du sport, de l’histoire, de la citoyenneté. On retravaille l’exposition pour un public adulte. Cela permet d’avoir un public intéressé par ça. Ce n’est pas moi qui fais ces interventions là car cela se déroule en semaine, et c’est plus compliqué pour moi d’être disponible. Mais on le fait, et ça marche plutôt bien.

Dominique : J’espère qu’il y a un directeur de centre pénitentiaire qui va te lire, parce que je trouve ça génial.

Aurélien : On ne s’interdit pas de public en fait. A partir du moment où les gens viennent nous voir, on répond à la demande en cherchant d’abord le « pourquoi ». Car il faut quand même que ça réponde aux valeurs qui sont véhiculées par la CASDEN et l’expo. Mais aujourd’hui, je n’ai pas eu de demande pour lesquelles je doive répondre que ce ne sera pas possible.

Mélanie : Tu parlais tout à l’heure des différentes thématiques abordées lors des expositions. Il y avait l’eau, le sport, l’alimentation… Dans toutes ces différentes thématiques, est-ce que chaque professionnel du secteur aborde une thématique en particulier ?

Aurélien : En fait les expos qu’on propose, sont mises à disposition des enseignants. On l’envoie ou la prête dans un établissement scolaire. Après, l’enseignant ou son équipe en fait ce qu’il veut. Par exemple, lorsque j’ai voulu travailler avec mes élèves sur l’eau, je l’ai fait en tant que professeur de géographie. Lorsque j’ai voulu travailler sur l’alimentation, je l’ai fait car au collège, on a des séquences de cours sur l’alimentation dans le monde et les différences de développement. Et on fait le lien avec le développement durable. Et ça, aujourd’hui, c’est assez porteur.
Néanmoins, si mon collègue de SVT veut travailler sur l’alimentation avec son approche, il peut très bien le faire. Si mon collègue de science physique veut travailler sur le cycle de l’eau avec son approche, il le peut très bien aussi. On a des outils qui sont multitâches. Par exemple, l’exposition qu’on a présentée à Liévin, je l’utilise en tant que prof d’histoire, mais j’ai des collègues qui l’ont utilisé en Français, en créant un projet sur l’image du héros par exemple. Ils se sont appuyés sur les sportifs qui étaient sur les panneaux. Ils ont travaillé sur les valeurs. J’ai les collègues d’EPS qui ont travaillé davantage le volet sportif. On peut très bien imaginer qu’un collègue de sciences travaille sur les performances, le développement physiologique etc.

Mélanie : C’est pris selon l’angle du travail de chacun…

Aurélien : C’est ça, et aujourd’hui, sur le site « CASDEN : Histoire, Sport & Citoyenneté », on a des brochures pédagogiques qui sont prêtes et libres de téléchargement pour tous les niveaux. Cela commence au cycle 2, donc début de l’école primaire. On a le cycle 3 (CM1, CM2, 6e). On a tout ce qui est collège avec une brochure spécialisée. Une autre est spécialement conçue pour le lycée. Le support est toujours le même, mais les questions ou l’approche sont différentes. Et enfin, on a une brochure « adulte » avec un contenu qui va, par exemple, être utilisé à l’occasion de salons ou de séminaires.

Dominique : On va revenir un peu sur notre Journée Olympique du samedi 10 juin. Est-ce que tu peux nous faire un retour par rapport à cette journée ?

Aurélien : La journée s’est globalement très bien passée. Tout était bien organisé. Les étudiants présents ont très bien joué leur rôle. Ils sont passés à plusieurs reprises pour savoir si tout se passait bien. On a accueilli un certain nombre de groupes d’enfants. Ce qui n’a pas été simple à gérer, c’était que certains groupes étaient un peu en avance, et d’autres en retard. Donc, sur l’ensemble de la journée, il y avait parfois des périodes creuses, et parfois plusieurs groupes à gérer en même temps. Mais bon, ça fait partie du projet global où de nombreux et grands groupes sont présents. Le fait d’avoir fait venir deux collègues conférenciers en plus, m’a aidé car cela aurait été compliqué si j’avais été tout seul…
On a eu des retours de gens qui trouvaient l’exposition belle et conséquente en termes d’apports. On a eu des contacts, et cela va être compliqué de gérer l’afflux des demandes. Malheureusement, je pense qu’on ne pourra pas répondre par la positive à toutes les demandes car il faut pouvoir gérer l’expo « totem » sur les différents lieux. Et concernant les expos en format « affiche » que l’on imprime et qu’on donne, on reste limité en nombre.

En compagnie de Manon BRUNET (au centre), championne d'Europe de sabre

Mélanie : En tout cas, on a eu de très bons retours par rapport aux personnes qui ont participé et qui ont vu l’exposition. Pour les enfants qui étaient présents lors de cette Journée Olympique du 10 juin, si tu pouvais leur faire passer un message, lequel serait-il ?

Aurélien : Je pense que faire du sport, c’est essentiel. C’est quelque chose qui, aujourd’hui doit permettre de garantir une bonne santé. Et quelles que soient les capacités que l’on peut avoir, il faut pratiquer en fonction de ce qu’on peut faire, et toujours croire en soi. Aujourd’hui, par exemple, notre banque soutient un certain nombre de sportifs. Lors de la Journée Olympique, on a fait venir Manon BRUNET qui est escrimeuse, qui a fait les Jeux de Tokyo, qui est médaillée et qui a récolté des médailles en nombre aux championnats d’Europe d’escrime en Bulgarie (voir notre article consacré à l'escrime).
Cyrielle DUHAMEL qui est une nageuse connue dans le département car originaire de Lens, je l’ai eue comme élève en classe, et l’ai mise en rapport avec la CASDEN pour qu’on puisse la soutenir financièrement dans l’optique des Jeux de Paris 2024. Elle a quitté la région, est partie à Martigues où elle est entraînée par Philippe LUCAS, l'entraîneur de Laure MANAUDOU. Donc, aujourd’hui, sur un certain nombre des supports de communication, je retrouve mon élève qui est en photo pour la CASDEN, et elle en est super heureuse. Elle me dit qu'aujourd'hui, elle peut faire des choses grâce à la CASDEN qu’elle n’aurait pas pu faire si elle n’avait pas eu ce soutien financier.

Cyrielle DUHAMEL et Aurélien LORIAU

Mélanie : Un gros coup de pouce donc…

Aurélien : C’est chouette car, oui, en l’ayant eu à 14 ans, elle a fait les jeux de Tokyo, et elle souhaite absolument avoir une médaille à Paris. Quand on dit, aujourd’hui, aux élèves qu’il faut croire en ses rêves, je pense qu’on en a quand même, là, une très belle illustration.

Dominique : Un grand merci !

Aurélien : C’était avec plaisir.

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